Question :
Les mesures de protection du mérou, en place en France continentale et en Corse, sont-elles bien respectées ?

Réponse :

          C'est LE grand problème, évidemment. Il ne concerne pas que le mérou, mais toutes les espèces soumises à une protection. Actuellement, seule la chasse sous-marine est interdite pour le mérou. Les autres formes de pêche sont donc autorisées.
          Les prises sont-elles importantes ? Le sujet est controversé et une étude sérieuse et complète devrait être faite. Par contre, il est certain que les jeunes mérous que l'on voit arriver sont à la merci de la canne à pêche du pêcheur amateur ou du fusil sous-marin d'un adolescent qui ne reconnaîtront pas que leur prise est bel et bien un mérou. L'idée d'un permis de chasse sous-marine et/ou de pêche à la ligne en mer commence à faire du chemin dans l'esprit de certain. Mais c'est long. On ne répetera jamais assez que la protection efficace du milieu passe avant tout par l'éducation des utilisateurs de ce milieu.
          Malheureusement, il est beaucoup beaucoup plus long d'éduquer que d'interdire.



Question :
A quoi est due la prolifération des jeunes mérous ? Est-ce le moratoire ?

Réponse :

          Tout d'abord, parler de prolifération est peut-être un peu exagéré. Il y en a maintenant, on en voit ou on peut en voir régulièrement, mais pas encore de véritable prolifération. Maintenant, savoir si cela est dû à moratoire, ce n'est vrai que partiellement.
          La situation corse est spéciale car le mérou y est protégé depuis plus longtemps que sur les côtes continentales françaises. Les mérous adultes ont donc toujours été plus fréquents en Corse que sur le continent, mais les jeunes restaient rares.
          Je crois qu'il s'est passé en Corse, comme sur le continent plusieurs choses simultanées :
- l'arrivé progressive depuis le sud de la Méditerranée de jeunes, peut-être en provenance de Tunisie,
- l'existence d'une protection (même si elle est imparfaite)
- des conditions de survie et de développement plus favorables aux jeunes (réchauffement des eaux de Méditerranée).
          Sur les côtes continentales françaises, le seul moratoire n'aurait pas permis d'atteindre la situation actuelle, comme la seule arrivée de jeunes en provenance du sud, n'aurait pas abouti à la situation présente. C'est la conjonction de ces deux facteurs (arrivée + moratoire) et peut-être d'un troisième (réchauffement) qui a permis d'arriver à la situation que nous connaissons. Le même raisonnement s'applique aux eaux corses. Progressivement, la proportion mâles-femelles est retournée vers un niveau plus favorable à la reprise de la reproduction. En conséquence, les mérous se reproduisent maintenant dans nos eaux.



Question :
Faites vous des recherches en Grèce (Cyclades) ?

Réponse :

          Non, les activités du GEM ne s’étendent pas encore en Grèce et je le regrette bien.
Nous avons commencé à développer les activités internationales du GEM (Italie, Espagne, Algérie, Tunisie) mais il y a encore du travail à faire pour élargir nos champs d’activité à toute l’aire de répartition du mérou Epinephelus marginatus.



Question :
Quelle est la durée de la fécondité des mérous afin d’éviter une interdiction définitive de la pêche sous-marine ?

Réponse :

          Je pense que cette question importante n’est pas tout à fait formulée comme il faut.
Il faut savoir, compte tenu de la sexualité des mérous (changement de sexe en particulier) combien de temps il sera souhaitable de maintenir le moratoire interdisant la pêche sous-marine.
          Les mérous naissent sous les traits d’une femelle immature (non féconde) et deviennent capables de se reproduire vers l’âge de 4 ou 5 ans (40-50 cm environ).
Le mérou restera femelle jusqu’à environ 9-10 ans. Entre 10 et 14 ans, il se produit un changement de sexe. Cela ne se produit pas à âge ou à taille fixes, mais généralement, après 15 ans la majorité des individus sont devenus des mâles. Le mérou finit ainsi sa vie sous la forme d’un mâle, capable de se reproduire encore longtemps car les plus grands individus peuvent approcher les 50 ans !
Compte tenu de cette sexualité complexe, si nous voulons un renouvellement complet de la population le long de nos côtes méditerranéennes, il faut considérer qu’une période de 15 ans est le strict minimum pour obtenir des reproductions et la formation de nouveaux mâles.
          Maintenant, de là à dire, le moratoire doit durer 15 années au total, il y a un pas que je ne franchirai pas aussi vite. C’est donc une question qui mérite d’être discutée par la communauté scientifique.
          Une partie des réponses a été apportée lors du colloque de novembre 1998 aux Embiez; mais le débat est encore passionné, vous l’imaginez.



Question :
Quel niveau d’étude faut-il pour entrer au GEM ? Faut-il pratiquer la plongée sous-marine ?

Réponse :

          Le GEM est une association loi 1901 qui regroupe des scientifiques spécialistes des mérous ou des poissons, des gestionnaires d’espaces protégés (parc national, réserve naturelle) et des membres de la Fédération française d’Etude et de Sports sous-marins.
Le travail de ces personnes est de mieux connaître le mérou brun mais également de mieux le faire connaître à un large public. L’adhésion au GEM ne requiert donc aucun niveau spécifique d’étude.
          Par contre, les personnes qui souhaitent faire partie de ce groupe d’étude du mérou peuvent nous envoyer leur candidature, expliquant qui ils sont et pourquoi ils souhaitent faire partie du GEM (adresse sur le site).
          Bien évidemment, pour participer aux missions de terrains (inventaires par exemple), il est nécessaire de posséder un niveau de plongée. Malheureusement, les réglementations de la plongée scientifique nous imposent maintenant de ne faire plonger que des personnes possédant des brevets professionnels (Certificat à l’Hyperbarie, mention B).



Question :
Qu’est-ce que le thiof ?

Réponse :

          le thiof est le nom couramment donné au mérou blanc que l’on rencontre en grand nombre le long des côtes d’Afrique de l’Ouest.



Question :
j'élève en aquarium depuis trois ans un mérou Cromileptes altivelis. Depuis peu, il semble perdre la vue je cherche des renseignements à ce sujet.

Réponse :

          Le GEM (Groupe d'Etude du Mérou) possède des spécialistes dans des domaines assez différents et variés. En ce qui concerne l'aquariologie, il s'agit de Patrick Louisy. Il peut être contacté à l'adresse suivante :
Patrick Louisy
46 rue des Escais
34300 Agde
France

ou par email : pslouisy@mnet.fr



Question :
Je suis chasseur sous-marin, mais je repecte l'interdiction ! Je souhaiterai vous faire par de mes observations, une fiche électronique serait la bienvenue.

Réponse :

          Il existe déjà sur le serveur du GEM, à la rubrique Prendre part aux recherches, une fiche à remplir concernant les observations de patrons de coloration des mérous en phase de reproduction.
La mise en place d’une nouvelle fiche d’observation pourrait être intéressante si elle est ciblée. Actuellement, des travaux sont en cours pour retracer les processus d’arrivée des petits mérous sur nos côtes, au cours des dernières années.
Je pense que la nouvelle fiche proposée pourrait ne concerner que ces "petits mérous". Le temps de la préparer, j’espère que vous la trouverez prochainement sur le site.



Question :
J'ai trouvé dans d'autres sites Web consacré à la faune marine de Méditerranée une appellation différente (Epinephelus guaza) pour le mérou brun. Qu'en est-il exactement ?

Réponse :

          L'homme a toujours attribué un nom aux animaux et aux plantes.
Pour éviter les confusions, les scientifiques ont mis au point un système à deux termes : un nom de genre et un nom d'espèce. Pour le mérou brun de Méditerranée, le nom actuel est Epinephelus pour le nom de genre et marginatus pour le nom d'espèce.
          Noter que le nom de genre, le premier, débute toujours avec une majuscule et que le nom d'espèce, le deuxième, avec une minuscule. Ce système de nomenclature binômiale a été proposé par le grand naturaliste Linné (son vrai nom était Carl von Linnaeus) à la fin du 18eme siècle. Pour être complet, le nom scientifique, généralement tiré de racines latines ou grecques, est suivi du nom de l'auteur ayant décrit l'espèce et proposé ce nom.
          Ce système possède ses propres règles, régies par le Code de nomenclature zoologique par exemple pour les animaux. La règle principale découle de la logique : toute espèce est identifiée par un seul nom scientifique et chaque nom scientifique représente une seule espèce. Si deux auteurs ont décrit à quelques années d'écart la même espèce avec deux noms différents ont parle de synonymes. Dans ce cas, c'est toujours le premier nom proposé qui a priorité.
          Par exemple, le corb a été décrit par Linné en 1758 sous le nom de Sciaena umbra et en 1792 par Bloch sous le nom de Sciaena nigra. Le plus ancien devant être retenu, le nom exact du corb est donc Sciaena umbra Linnaeus, 1758. Mais encore faut-il être certain que tous les deux décrivaient la même espèce.
Le choix entre différents synonyme s'apparente donc parfois à une véritable enquête.
          C'est le cas du mérou. Linné a décrit en 1758 un mérou sous le nom de Epinephelus guaza mais le poisson qu'il a sommairement décrit provenait d'un port des Caraïbes, Cumana. D'après la description, il est certain qu'il s'agit d'une autre espèce de mérou et même d'un genre différent. Le nom proposé, Epinephelus guaza, n'est donc pas valide. Par contre, le poisson décrit par Lowe en 1834, sous le nom de Epinephelus marginatus, correspond bien au mérou brun. Ce nom est donc valide et sert désormais à désigné cette espèce.



Question :
Existe-t-il des travaux sur l'écologie des larves de mérous ou sur leur alimentation ? Des auteurs anglais travaillent-ils sur le mérou ?

Réponse :

          A ma connaissance, aucun auteur anglais ne travaillent sur le mérou de Méditerranée.
Par contre, selon vos préférences linguistiques, de nombreux auteurs méditerranéens, italiens, espagnols, algériens, et même français, publient les résultats de leurs travaux en anglais.

          Les larves de mérous sont très mal connues et par conséquent très mal étudiées. Le premier travail publié sur la reproduction du mérou et l'obtention d'oeufs et de larves est un travail de Barnabé en 1974.
Très récemment en 1997, deux publications ont présentées le comportement reproducteur du mérou en Méditerranée nord-occidentale. Malheureusement, il n'existe rien d'autre au sujet de l'alimentation des larves de mérou.

Barnabé G. 1974. La reproduction du mérou Epinephelus gigas : observations préliminaires de terrain. Aquaculture, 4 : 363-367.
Zabala M., Garcia-Rubies A., Louisy P., Sala E. 1997. Spawning behaviour of the Mediterranean dusky grouper Epinephelus marginatus (Lowe, 1834) (Pisces, Serranidae) in the Medes islands marine reserve (NW Mediterranean, Spain). Sci. Mar., 61(1) : 65-77.
Zabala M., Louisy P., Garcia-Rubies A., Gracia V. 1997. Social-behavioural context of reproduction in the Mediterranean dusky grouper Epinephelus marginatus (Lowe, 1834) (Pisces, Serranidae) in the Medes islands marine reserve (NW Mediterranean, Spain). Sci. Mar., 61(1) : 79-89.



Question :
Quelles sont les huit autres espèces de mérou de Méditerranée ?

Réponse :

          Quelques précisions tout d’abord sur la systématique des mérous. Ils appartiennent à l’ordre des Perciformes, famille des Serranidae (3 sous-familles, 48 genres, 320 espèces dans le monde), sous-famille des Epinephelinae (21 genres, 170 espèces dans le monde). Le genre Epinephelus compte lui environ 100 espèces de part le monde. En Méditerranée, les huit autres espèces présentes appartiennent à 3 genres, Epinephelus, Mycteroperca et Polyprion.

Epinephelus aeneus : mérou blanc
E. caninus : mérou gris
E. coioides : mérou à taches oranges
E. costae : badèche
E. haifensis : mérou de Haifa
E. malabaricus : mérou malabar
Mycteroperca rubra : badèche rouge ou mérou royal
Polyprion americanus : cernier commun

          Le long des côtes françaises de Méditerranée, vous pourrez rencontrer, outre Epinephelus marginatus, E. aneneus, E. caninus, E. costae, Mycteroperca rubra et Polyprion americanus.



Question :
Quelles études faut-il faire pour devenir océanologue ?

Réponse :

          A moi de vous retourner la question : faut-il être océanologue pour travailler sur le mérou ? Non, heureusement. La mer fait rêver beaucoup de gens et de nombreux jeunes nous posent souvent la même question.
          La voie classique est la faculté : DEUG (2 ans après le Bac) de Biologie; Maîtrise (bac + 4 ans), DEA (bac +5) et thèse ou doctorat d’océanographie selon la nouvelle appellation en vigueur (bac + 8 ou 10). Après toutes ces longues études, l’étudiant(e) n’est pas encore prêt(e) à avoir du travail et il faut souvent rajouter 2 ans à l’étranger (on parle de post-doc !).
Malheureusement, les places sont très chères, car très rares. Les principales possibilités d’emploi sont le CNRS, la Faculté et des organismes comme l’ORSTOM ou IFREMER.
Dans les deux derniers cas, il est très sage d’avoir obtenu un sujet de thèse dans ces organismes si l’on espère par la suite un recrutement chez eux. Dans tous les cas, plus le dossier du candidat est solide, plus il a de chance d’être retenu. C’est à dire que le choix du sujet et l’envergure du directeur de thèse (autant l’envergure humaine que sa notoriété scientifique) ont de l’importance.
          Je ne voudrais pas vous décourager, mais si vous souhaitez faire de l’océanographie ou de l’écologie marine, pensez aux autres voies : Ingénieur agronome avec une spécialité Ecologie marine ou même Vétérinaire avec cette spécialité. Il existe également un certain nombre d’autres écoles d’Ingéniorat qui débouche sur l’écologie marine. Vous n’êtes pas plus certain de trouvez du travail dans la spécialité qui vous intéresse, mais, au moins, la formation est plus courte (3 à 4 ans après le bac) et vous avez un diplôme à monnayer; ce n’est pas le cas avec une simple thèse en poche!

En tout cas bon courage.



Question :
Comment s’appelle le mérou en anglais ?

Réponse :

          Grouper, c’est généralement sous ce terme générique que les anglo-saxons parlent des mérous en général, quelle que soit l’espèce. Plus spécifiquement, pour parler du mérou brun de Méditerranée, ils précisent alors dusky grouper. Mais, à l’heure de l’Europe et des voyages il faut savoir parler du mérou dans toutes les langues : vous en trouverez donc quelques unes ici.
Si vous connaissez d’autres dénominations, faites nous en profiter.
Albanie : kern
Algérie : mérot, mero nuar
Allemagne : grosser Sägebarsch
Angleterre : dusky grouper
Angola : mero
Canaries : cacharro
Chypre : orphos
Egypte : wakar
Espagne : mero nebuloso, mero, xerna
France : mérou brun, mérou sombre
Grèce : rophos, stira
Israël : daqqar hasselaim
Italie : cernia, cernia gigante
Liban : ahfesh
Libye : farrug
Malte : cerna, menene
Portugal : mero, garoupa preta
Tunisie : mennani ahmar
Turquie : orfoz
Yougoslavie : kirnja, kirnia