Le premier moratoire interdisant la chasse du mérou brun à partir de 1993 s’est accompagné d’une reconstitution progressive des populations de mérous, dans les aires marines protégées, mais aussi en dehors (quelques exemples sont donnés ici).
En 2012, l’IUCN (International Union for Conservation of Nature) a évalué le statut des 163 espèces de mérous vivant dans le monde. Au total 20 espèces sont considérées comme en danger : le mérou brun fait partie de cette liste. Une pêche excessive (pêche sous-marine en particulier), le comportement agrégatif, la durée de vie importante et la maturité sexuelle tardive (compliquée par le changement de sexe) sont les principaux facteurs expliquant cette vulnérabilité.
Les effets conjugués des moratoires successifs, de l’arrivée progressive de jeunes individus depuis le sud de la Méditerranée au début des années 90 et du réchauffement progressif des eaux en Méditerranée ont contribué au succès de la restauration des populations de mérous. Les chiffres sont là pour l’attester, mais les différences entre les zones protégées et les zones extérieures, non surveillées, démontrent aussi clairement que cette reconstitution n’en est qu’aux premiers stades. Stopper maintenant tout moratoire, permettre à nouveau une pêche non professionnelle sous prétexte que les populations ont commencé à se reconstituer, serait une catastrophe : les modélisations réalisées montrent qu’en quelques mois seulement, les effectifs de mérous pourraient à nouveau chuter à des niveaux proches de zéro, alors qu’il a fallu près de 20 ans pour amorcer un début de reconstitution des populations.
Outre les arguments écologiques classiquement avancés (prédateurs de haut niveau alimentaire, indicateurs de bonne santé des écosystèmes), les arguments économiques doivent maintenant être mis en avant, sérieusement. La plongée sous-marine et le tourisme marin en général génère un chiffre d’affaire très largement supérieur à celui de la pêche amateur (chasse sous-marine comprise). La protection d’espèces emblématiques de Méditerranée, autrefois abondantes, comme les mérous, le corb ou d’autres, se heurtent généralement à un scepticisme général quand les seuls arguments avancés sont des arguments écologiques, mêmes s’ils sont scientifiquement corrects. Une véritable approche économique de ces espèces emblématiques, au sens du tourisme marin et non de la seule pêche, est maintenant souhaitable.

Une vision internationale de la protection du mérou ?

Lors du dernier symposium international sur les mérous (Nice, mai 2007; voir la rubrique Symposium), la représentante de l'IUCN, le Dr Yvonne Sadovy, a souligné que la France avait actuellement une position exemplaire en Méditerranée. Les représentants des pays riverains, Espagne et Italie en particulier, ont insisté sur l'urgence d'une protection similaire du mérou dans leur pays.

Dans les années à venir, le GEM se doit donc d'étendre ses actions à l'échelle internationale. Une véritable gestion des populations de mérous ne pourra pas se faire pays par pays. Les différents moratoire en France (continent et Corse) ne sont donc que des étapes. Les arguments avancés depuis 1993 sont maintenant entendus en France, mais il va falloir maintenant se battre sur un autre front et développer avec nos collègues espagnols et italiens un argumentaire similaire, à l'échelle de toute la Méditerranée occidentale.

Moratoires 2013

Le moratoire protégeant le mérou brun arrivait à échéance le 31 décembre 2013. Il a été prolongé, mais cette fois pour une durée de 10 ans; il est donc valable jusqu'en décembre 2023. Par ailleurs, cet arrêté prend en compte différentes espèces de mérou (E. marginatus, E. costae, E. caninus, Mycteroperca rubra et Polyprion americanus) qui sont interdites à la pêche sous-marine. Sont également intrdites la pêche maritime de loisir et la pêche professionnelle à l'hameçon pour les 3 espèces de Einephelus et pour Mycteroperca rubra.

Les mêmes dispositions ont été prises pour la Corse, pour une durée de 10 ans. Pour les activités de pêche, seule la pêche maritime de loisir est concernée.

Vous pouvez consultez ici les arrêtés pour les Côtes méditerranéennes françaises et pour la Corse.

2012 : Harmonisation de la règlementation sur le mérou en Corse

En France, la pêche sous-marine du mérou brun est interdite par deux moratoires différents, l'un en Corse et l'autre sur les côtes continentales méditerranéennes. Régulièrement reconduits pour des durées de 5 ans le plus souvent, ces deux moratoires ont été sans conteste des leviers importants permettant la reconstitution progressive des populations de mérous dans et à la périphérie des aires marines protégées. Toutefois, la portée de ces deux moratoires n'était pas la même, tant au niveau des espèces concernées (plus nombreuses en Corse) que des techniques de pêche visées. Une harmonisation était nécessaire, mais elle se heurtait jusqu'à maintenant au décalage de quelques années entre les moratoires Corse et Côtes continentales. Une décision vient d'être prise par le Préfet de Corse (arrêté du 17 décembre 2012) pour prolonger d'une année le moratoire Corse; ce dernier se terminera donc au 31 décembre 2013, comme le moratoire Côtes continentales. Cela permettra au GEM de proposer une harmonisation de la réglementation entre la Corse et le Continent afin de contribuer de façon encore plus efficace à la protection des mérous.
 

Le Moratoire en Corse : une affaire ancienne

Le précédent moratoire ne concerne que les eaux françaises continentales française en Méditerranée. La Corse bénéficie elle d'un statut particulier et s'est dotée d'un moratoire protégeant partiellement le mérou brun depuis 1980. Le dernier moratoire en date couvre les années 2004-2012, le précédent couvrait les années 2000-2004. Il concerne non seulement le mérou brun, E. marginatus, mais aussi la badèche, E. costae, le mérou gris, E. caninus, le cernier, Polyprion americanus, et le mérou royal, Mycteroperca rubra. A côté de ces mérous, sont aussi protégés des crustacés comme les langoustes (Palinurus elephas et P. mauritanicus), le homard (Homarus gammarus) et l'araignée de mer (Maia squinado), les hippocampes (Hippocampus hippocampus et H. ramulosus) et la porcelaine (Luria lurida). Pour toutes ces espèces, seule la pêche sous-marine est interdite.

2008 : la suite des moratoires de 1993 et 2003

17 décembre 2007, la nouvelle arrive de Marseille : le moratoire sur la pêche du mérou brun est reconduit à l'identique jusqu'au 31 décembre 2013, une suite logique de la démarche de protection engagée depuis 1993 (date du premier moratoire).

Durant quinze années (3 moratoires de cinq ans chacun, voir le 2008 et le 2003), le GEM n'a cessé d'avancer des arguments scientifiques pour justifier le besoin d'un moratoire. Les efforts entrepris se sont traduits par des augmentations claires et indiscutables des effectifs de mérous dans et surtout en dehors des espaces protégés. Au début, seule la chasse sous-marine a été visée (les deux premiers moratoires). Depuis 2003, cette interdiction a été étendue à toutes les formes de pêche à l'hameçon.